dimanche 30 septembre 2012

DIX ANS D’EXISTENCE DE LA DGGT : C’EST L’HEURE DU BILAN


Il y’a de cela dix ans que naquit la Délégation générale des grands travaux du Congo, en sigle DGGT, ce super ministère qui a lui seul possède déjà plusieurs dizaines d'ouvrages à son actif. Nous jugeons que le contribuable congolais a le devoir de s’informer et d’analyser les impacts de la création, par le président Denis Sassou Nguesso, de cette méga structure de développement. Cette analyse passera en revue tous les aspects, positifs et négatifs,  de la gestion du programme dit «  Municipalisation Accélérée »(MA) du Congo.

Il est difficile de dénombrer les projets un à un tant ils sont nombreux. Difficile, cependant, de méconnaître leur existence. La Délégation générale des grands travaux (DGGT) ne lésine pas sur les moyens pour communiquer sur ses chantiers et réalisations : campagnes de presse, revues, site internet, plaquettes, communiqués, vidéo, photos... Mais au-delà de toute cette machine de propagande,  force est de constater que, dix ans après la création de cette structure, les projets ont pris corps, sont achevés ou en chantier.
Complexe hydroélectrique d'Imboulou
À l'origine de la mise en place de la DGGT, en 2002, les besoins de reconstruction après les conflits des années 1990, mais aussi de modernisation et d'industrialisation du Congo, qui, même si le chemin est encore ardu, vise le statut de pays émergent à l'horizon 2025.

L'inépuisable bâtisseur Denis Sassou Nguesso
Au lendemain de son élection, le chef de l'État, Denis Sassou Nguesso, a décidé de mettre en place une délégation inspirée de la Direction et Contrôle des grands travaux de Côte d'Ivoire (l'ancêtre du Bureau national d'études techniques et de développement). Sa mission : coordonner la réalisation de grands projets, depuis le lancement des appels d'offres (études et travaux) jusqu'à la réception des ouvrages, en passant par le suivi des chantiers.

Les fameuses critiques 
Le siège du ministère des Affaires étrangères du Congo
Les ministères du Plan, de l’Urbanisme et des Travaux publics se sont vite vus volé la vedette par  Jean-Jacques Bouya, le Tout-Puissant ministre délégué, chef de la DGGT et maintenant Député de Tchikapika. En tant que maître d'ouvrage délégué, la structure agit pour le compte d'un ministère technique, qui du fait reste le bénéficiaire et le propriétaire principal de l'ouvrage réalisé.
Maquette de la future zone économique spéciale de Maloko, au bord du fleuve Congo.
Du coup, tous ces ministères ont vu leur ration de gagne-pain habituel réduit à moitié. Autant dire que l’existence de cette structure fait couler beaucoup d'encre et fait grincer des dents des hauts fonctionnaires de ces ministères. Car si la DGGT a ses inconditionnels, elle a aussi ses détracteurs.
Trains modernes acquis nouvellement de la Corée du sud.
D'une manière générale, peu de Congolais contestent la nature et la pertinence des ouvrages  à caractère socio-économiques réalisés, tel que les infrastructures de transport (plus de huit aéroports construits ou réhabilités), les centrales électriques (complexe hydroélectrique d’Imboulou et les centrales à gaz de Pointe-Noire), les marchés modernes, les voiries, les logements sociaux, les hôpitaux de base ou les écoles.
Héliport de Kinkala
Cependant, les critiques portent principalement sur des réalisations entrant dans le cadre de la municipalisation accélérée (« MA » pour les initiés), un programme destiné à doter les départements des infrastructures administratives et socioéconomiques nécessaires à leur modernisation et à la dynamisation de l'économie locale (récemment lancé dans le Pool).

L'Alima, aux environs d'Oyo, la ville natale du président.

Les travaux de ce programme privilégient plus le confort du président et ses hauts fonctionnaires au détriment des besoins réels des populations. Voyons, par exemple, les palais présidentiels qui fleurissent dans chaque chef-lieu de département, la construction de chacun de ses palais a coûté près de 4 milliards de franc CFA, soient 6 millions d’euros environs.

Le palais présidentiel d'Ewo a coûté 3, 5 milliards de francs CFA.
À cela nous ajoutons que chaque chef-lieu de département se voit construire un hôtel de ville et un siège de sous-préfecture.

Deuxième sortie nord de Brazzaville, vers Kombo.

Dans un souci d’optimisation économique, on aurait mieux fait de construire un grand hôtel de ville qui à lui seul regrouperait deux volets d’infrastructure : administratif et complexe hôtelier. C’est-à-dire, nous avons une façade avec des bureaux administratifs pour les services de la mairie et de la sous-préfecture, et une autre façade pour le volet culturel et hôtelier.
Aéroport d'Ollombo terminé mais par encore mis en exploitation.
Dans cette façade, on construirait des chambres à louer aux visiteurs- incluant des suites présidentielles- pour le tourisme local, un palais de congrès ou culturel, un gymnase, une piscine et des parkings. De cette manière, le président n’aurait pas à se faire construire des palais présidentiels dans des lieux où il n’y posera les pieds que rarement.
La RN1, à l'entrée de Kinkala.
Le président et les membres de sa délégation pourraient loger à l’hôtel de ville- qui s’appellerait « Maison du citoyen » dans ce contexte fictif- pour l’occasion des festivités de l’indépendance. Après les fêtes, l’hôtel de ville offrirait à la ville un espace convivial, à la fois, administratif, touristique et culturel.
Une plage de Pointe-Noire
En plus, la superficie de certains bâtiments affectés aux services décentralisés de l'État (hôtels de préfecture ou de sous-préfecture, gendarmeries, etc.) et aux collectivités locales (conseils de département, mairies), sont parfois démesurée par rapport à l'importance démographique et économique du territoire concerné.
Siège de la mairie de Loukoulela
Par exemple, le nouveau siège récemment livré de la sous-préfecture de Loukolela(une petite bourgade de la Cuvette centrale) est beaucoup plus grand que celui d’Impfondo, chef-lieu du grand département de la Likouala.

Hôtel de ville de Boundji en construction

Il semble qu’il n’y a pas de consensus, ni d’études préalables aux choix des ouvrages à réaliser.




Cette article a été rédigée en consultant l'article sur Jeuneafrique.com : Plongée au cœur du Nord-Congo .
Sources : http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20120928170102/congo-developpement-denis-sassou-nguesso-pctplongee-au-coeur-du-nord-congo.html

DIX ANS D’EXISTENCE DE LA DGGT : C’EST L’HEURE DU BILAN(SUITE)



Des édifices « prêt-à-porter, du Clé-en-main...»

La standardisation de la plupart des édifices publics, réalisés sur le même modèle, est un autre point de friction récurrent. « C'est du prêt-à-porter, du clé-en-main...» Où est l’originalité du savoir congolais ?
Le siège du sous-prefet d'Ewo est un modèle clôné des autres sous-prefecture.
Même la qualité de la peinture des bâtiments et le décor intérieur laisse à désirer. Sur ce constat, il en va d’un autre problème qui est hors de portée de cet article : le problème de la formation des cadres et de l’introduction des concepts d’innovation dans le secteur de l’enseignement. Il n’est pas donc la seule responsabilité de la DGGT, car la plus belle femme du monde ne peut que donner ce qu’elle a.
Le stade municipal de Pointe-Noire
Un des points négatifs est dans le développement des ressources humaines locales. Avec des grands travaux de ce genre à toutes les années, dans des pays dynamiques, c’est l’économie locale qui devrait en faire les frais. Ce dynamisme devrait être une des solutions au problème de chômage et de manque d’emplois chez les jeunes.

Le secteur du transport routier devra jouer un rôle important dans la diversification de l'économie congolaise.

Malheureusement, tous les appels d’offre de la DGGT font le bonheur des sociétés chinoises, qui ne ménagent aucun effort pour faire du profit. Tout est importé de la Chine, à l’exception du sable et de la pierre, même les aliments des ouvriers chinois sont importés de la Chine.
Sassou est le grand architecte de la majorité des grands ouvrages réalisés dans l'histoire du Congo
C’est vrai que Jean Jacques Bouya s’emploie toujours à souligner le nombre d’ouvriers congolais évoluant aux côtés des ingénieurs chinois, dans son opération habituelle de charme, mais il n’est un secret pour personnes que les ouvriers congolais ne sont pas qualifiés ni outillés pour exécuter les tâches majeures. « Vas chercher la brouette là-bas, placez les clous et les marteaux par ici… » L’on ne peut pas gagner une bonne rémunération en faisant ces genres de tâches élémentaires.
École réhabilitée à Ewo: il faut soigner le secteur de l'éducation pour assurer la qualification professionnelle de demain.
Normalement, l’on devrait faire en sorte que chaque ouvrage construit comporte un volet pour le développement des ressources humaines.

Le nouveau village agricole de Nkouo
Par exemple, si l’on décidait de construire une piscine olympique à Mossaka au coût d’un million de dollar, l’on devrait assigner 50% de ce montant pour la construction d’un centre de formation pour la natation à côté de ce complexe.

Dévéloppement des compétences: Franchel Ibara, l'un des artisans de la victoire du Congo à la CAN junior 2007.

Sinon comment pouvons-nous construire un stade de football de 8000 places à Ewo(Cuvette-Ouest), sans songer à créer une culture de loisirs et des sports dans cette localité jadis enclavée?
La jeunesse et la culture des loisirs sont l'un des défis immédiats de l'État pour la redynamisation de la population congolaise.

Enfin, à toutes ces critiques nous pouvons ajouter aussi la jalousie des uns et les autres qui pensent qu’avec un budget colossal de près de 380 milliards de F CFA (chiffré en 2011), la DGGT offre des conditions de travail inégalées à ses fonctionnaires et consultants, au détriment des autres fonctionnaires congolais...


Le port fluvial de Lékéty

Allusion empreinte de jalousie aux moyens - bons salaires, matériel dernier cri, bureaux spacieux, etc. - dont disposent les quelque deux cents collaborateurs de la Délégation. Une petite moitié de cet effectif est composée de fonctionnaires détachés, dont une soixantaine d'ingénieurs et de techniciens.
Une avenue d'Impfondo
En tout cas, critiques ou pas, la DGGT peut se prévaloir de ses réalisations, dont certaines - en particulier le bitumage de la RN1 entre Pointe-Noire et Dolisie, de la RN2 entre Owando et Ouesso et de routes de connexion avec les pays voisins, le barrage hydroélectrique d'Imboulou, le réseau de fibre optique ou encore les nouveaux villages agricoles - ont déjà un impact très positif sur les conditions de vie de la population et les activités économiques. Donc tant pis pour les jaloux!
Une voirie de Boundji
On avance petit à petit jusqu’à voir la lumière. Il ne peut y avoir développements si une bonne partie du pays vit dans des conditions des années lumières. La vie dans les localités enclavées comme Sembé, Souanké(dans la Sangha), Kellé, Mbomo(Cuvette-Ouest), ou encore Enyellé et Liranga de la Likouala n’a lieu qu’entre 7 h du matin et 18h.

Les logements sociaux de Bacongo

Le reste du temps, c’est une nuit de comptes des fées et des moustiques, faute d’électricité. Il est impératif de résoudre ce problème du manque d’électricité et de l’eau potable, du désenclavement et de l’absence d’une culture de loisirs dans la vie des Congolais. Le bonheur du moral part de là.
Tronçon Pointe-Noire-Dolisie(RN1)
Le défaut du Congolais c’est qu’il pense toujours que les ses problèmes et celui du pays trouveront leurs solution par la venue d’un messie.

Le stade Omnisports d'Owando

Le stade de Dolisie
Ce messie qui viendra avec son bâton magique pour construire le plus grand méga complexe hydroélectrique qui donnera du courant à tous les Congolais gratuitement. D’où ce grand sentiment de fatalité qui semble avoir gagné une grande majorité des Congolais.
Pointe-Noire, la perle de l'Atlantique.
Nous souhaitons beaucoup de succès à Jean Jacques Bouya et à ses collaborateurs, afin de continuer à relever des défis même plus importants pour redonner la confiance aux Congolais.


Il faut avoir du culot pour relever les grands défis, construire des grands complexes hydroélectriques comme ceux de Sounda et de Cholet, construire des canaux pour améliorer la navigation fluviale en reliant les rivières Alima et Nkeni, la Sangha et la Likouala- aux-Herbes.

Ollombo-Nouvel aérogare.

Avec les progrès scientifiques de nos jours, rien est impossible sinon des hommes incapables.