lundi 1 avril 2013

Congo: la visite du président chinois a été très bénéfique pour le pays


La visite du président chinois, Xin Jin Ping,  a permis de signer des importants accords financiers et commerciaux à Brazzaville. En effet,  les deux pays ont  conclu onze accords de plusieurs millions d'euros dans les secteurs des finances, les infrastructures de base, des télécommunications et de la santé.
Arrivé le vendredi dernier à Brazzaville, le président Xin Jin Ping est le premier chef d’État chinois à visiter le Congo-Brazzaville de l’histoire. Cela ne s’est pas fait à peu près, car 21 coups de canons et un bain de foule réservée dans les artères principales de Brazzaville, ont visiblement ému le souverain chinois. Cette visite de 48 heures était la dernière étape d'une tournée africaine essentiellement économique, qui l'a mené en Tanzanie et en Afrique du Sud.
La maquette du futur stade de Kintélé
Les accords de vendredi s’ajoutent à ceux déjà en cours, comme le financement de plus de 500 km de route entre Brazzaville et Pointe-Noire, la capitale économique et épicentre de l’activité pétrolière qui rapporte 5 milliards d’euros par an à l’ex-colonie française, où 70% des 4 millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté.
La construction du futur barrage hydraulique de Liouesso est à l’ordre du jour. Il y’a aussi les infrastructures sportives qui sont prévues notamment un stade olympique de 60 000 places, un palais des sports de 10 000 places, un complexe nautique de 2 000 places, un village des Jeux pouvant accueillir 8 000 athlètes etc.

 Cette visite de haute marque a aussi permis de replacer le Congo-Brazzaville-Et son tout puissant président- sur la scène diplomatique internationale, vu que les déplacements des présidents chinois ne sont pas monnaie courante. Il faut aussi dire, que le choix du Congo ne tient pas du hasard, tant la part du gâteau qui revient à la Chine dans les marchés publics défie toute concurrence. Il existe une clause spéciale qui permet aux entreprises chinoises de soumissionner au même titre que les entreprises congolaises lors des offres d’appels publics. Cependant, le partenariat  sino-congolais ne devrait pas être catalogué de gagnant-gagnant, car les Congolais ne tirent pas de gros profits de ces accords.
Par exemple, le complexe hydroélectrique d’Imboulou qui a coûté une bagatelle somme-via la dette publique- au contribuable congolais n’est pas encore parvenu à répondre aux attentes des populations. La raison en est que les cadres congolais ne sont pas suffisamment formés pour exploiter et rentabiliser ses grandes infrastructures. Ce qui obligera le Congo, dans 10 ans, à recourir à l’aide chinois pour d’autres projets dans le même domaine.
Le barrage d'Imboulou, fleuron du partenariat sino-congolais, n'a pas encore répondu aux attentes des Congolais.
Les Chinois construisent des routes et des immeubles pour les Congolais qui,  à leur tour, ne reçoivent pas de transfert de technologie de la part des partenaires chinois. Ils emmènent avec eux équipements, technologie, ouvriers et même de la nourriture pour ne rien acheter sur place.
Pendant ce temps, pour avoir des routes au Congo on va continuer à s’endetter et rester dans la dépendance du néo-colonialisme chinois.

Tourisme : l’hôtel Alima Palace désormais ouvert au public


Le parc hôtelier et touristique du Congo vient de se renforcer avec l’inauguration de l’hôtel 5 étoiles Alima Palace, situé à Oyo, le village natal du président Sassou Nguesso. Il a été inauguré le mois passé par le ministre Jean-Jacques Bouya de l’Aménagement du Territoire et de la Délégation Générale aux Grands Travaux.

Alima, la mystérieuse.
 Les travaux de construction de cette perle située au bord de la rivière mythique Alima ont été exécutés par  l’entreprise chinoise Beijing Construction Engineering Group.  Lancés en Avril 2008, les travaux ont constitué un véritable challenge d’échanges professionnels et technologiques entre les experts chinois et congolais du génie.

Le port d'Oyo au bord de l'Alima
C’est un hôtel de luxe 5 étoile, avec une vue panoramique donnant sur les rivières Alima(flanc nord) et Komo(flanc sud en direction d’Ollombo). Cette infrastructure intègre naturellement le projet de développement de la zone économique d’Ollombo qui vient d’être doté d’un aéroport international de haut standing.

Tourisme : l’hôtel Alima Palace désormais ouvert au public


Disons que cette initiative de l’État Congolais d’essayer de développer une industrie touristique et de loisirs, afin de diversifier l’économie et les rentrées de devises étrangères, est un programme ambitieux qui a pour but de créer des emplois durables.
Ollombo Airport

Cependant, comme dans la plus part de ces projets, le maître d’ouvrage ne prend pas la peine et le temps de faire des études de faisabilité et efficients. Aujourd’hui, 90% des infrastructures qui se construisent au Congo répondent plutôt à une clientèle haute-de gamme qu’aux attentes des populations.

L'aéroport d'Ollombo, situé tout près de l'Alima
Si nous prenons l’exemple du développement du tourisme, il serait fou et périlleux de croire que le Congo serait prêt à rivaliser contre les grandes destinations du tourisme de masse du continent qui sont l’Afrique du sud, l’Égypte, le Maroc, le Kenya ou encore le Sénégal. On est encore à un siècle de retard, en ressources naturelles comme humaines, pour proposer des produits haut de gamme dont se servent ces pays pour attirer les visiteurs.

Tourisme : l’hôtel Alima Palace désormais ouvert au public


Personne ne se pressera pour réserver une chambre dans un hôtel luxueux situé dans un bourg du nord-Congo. Le climat équatorial et humide(où il pleut toute l’année), son passé historique et sa culture n’égalent pas les cartes postales de la chaleur tropicale des plages de Dakar et Saint-Louis, par exemple. Le pays n’est pas non plus une destination du tourisme sexuel comme le sont la Thaïlande ou les Philippines.
Les chutes de la Loufoulakari, l'une des sept merveilles du Congo-Brazzaville.
Toutefois, le Congo possède des forts atouts naturels pour développer l’éco-tourisme. La première carte de visite est sans doute ses nombreux parcs naturels, qui possèdent une faune riche et variées en espèces.
Une barge sur l'Alima
Le large des cours d’eau représente aussi un attrait non négligeable pour des excursions et des sports nautiques pour le Congo. La culture autochtone, les peuples de la forêt, suscite aussi une forte curiosité des amateurs de la nature. Mais l’éco-tourisme ne rime pas avec les hôtels de cinq étoiles.

Tourisme : l’hôtel Alima Palace désormais ouvert au public


Nous ne voulons pas dire que la construction d’un aéroport international et un hôtel de haut standing dans la localité est une erreur. Au contraire, c’est nécessaire pour tenter de sortir l’arrière-pays de son isolement avec les visiteurs de la capitale et des autres pays. Mais de grâce, n’exagérons pas avec ce genre de produits conçus pour le tourisme de masse. Le Congo n’a ni les ressources financières, ni l’expertise pour s’inviter dans ce domaine très volatile.
Le barrage d'Imboulou a permis la création d'un lac offrant une vue luxuriante depuis les airs
Il faut d’abord comprendre les enjeux mondiaux de l’environnement économique actuel pour s'en rendre compte. Dans les prochaines années, ce nouvel hôtel Alima Palace aura de nombreux impacts sur l'environnement :
- la consommation d'eau des touristes sera plus importante que celle des populations locales (bains, douches, lessives…)
- la production de déchets des objets personnels sera responsable de la pollution du sol, de l'air et de l'eau
- la consommation d'énergies génératrice de Gaz à Effet de Serre  va augmenter avec les achats de divers produits
Un village côtier près de Bounda, dans les Plateaux Batékés
Le voyageur responsable de nos jours  tient compte de ces facteurs avant de faire ses choix de destination-voyage. Très peu d’amateurs de voyage de la nature accepteront de coucher dans des hôtels de luxe, dans un coin perdu qui n’est pas loin de la nature sauvage.
À la place des grands hôtels pour attirer des visiteurs de marque, optons plutôt pour des structures d’entrée de gamme qui vont aussi s’adapter au marché local. Des petits hôtels et motels serviront, en premier, à héberger le commun des mortels congolais qui effectue une visite dans l’arrière-pays.

En effet, beaucoup de Congolais ont la nostalgie de leurs localités natales. Mais l’absence des structures d’accueil et sanitaires les découragent à y retourner  se ressourcer.

La Likouala-Aux-Herbes, près d'Epena, une rivière adaptée pour les excursions nautiques en milieu sauvage.
Rare sont ceux qui y ont construit des maisons avant d’émigrer pour Brazzaville et Pointe-Noire. La question qui se pose souvent est «  J’irai au village pour loger chez qui? Si je me fais attaquer par la mouche tsétsé, quel est le médecin qui prendra soin de moi? ». Voilà les questions à quoi devrait s’attaquer le gouvernement congolais, avant d’entreprendre des grands investissements pour développer le tourisme.

Tourisme : l’hôtel Alima Palace désormais ouvert au public


Pour le cas du Congo, il serait souhaitable de s’inspirer de l’expérience cubaine avec la ville historique de Trinidad. Au lieu de continuer à construire des chaines hôteliers pour les visiteurs, on a choisi d’aider les familles à rénover et agrandir leurs maisons afin d’héberger les touristes.

Les maisons de la ville historique de Trinidad(Cuba) sont financées pour loger des touristes
Les campings sauvages et modernes, les gîtes, les sentiers pour la randonnée ou encore la location des accessoires pour la pêche sportive sont quelques-uns des produits porteurs du label écotouristique.
 
Un pêcheur sur le lac du barrage d'Imboulou
 De ce fait, une bonne part de l’argent du tourisme va directement dans les poches des populations, et c’est ça le principe du tourisme écologique : contourner les intermédiaires pour aider la couche source. Une population aisée est synonyme d'une économie prospère.
Si nous voulons développer le tourisme local au Congo, ciblons le domaine qui s’adapte à notre milieu et nos moyens. Ne dansons pas dans la cour des grands pour chuter gravement après.