samedi 18 février 2017

LES RÈGLES DU FOOTBALL DE NOTRE ENFANCE


La nature ne fait rien en vain. Cette belle citation d’Aristote confirme ce que nous observons dans la société africaine. Notre société africaine est programmée pour vivre et exister selon des règles bien définies par la nature et que tout le monde essaie de suivre malgré la différence de nos cultures, de nos peuples et de nos langues. Ici nous allons parler de notre football d’enfance dans les deux Congo, celui que nous appelons communément le mwana foot. Comme par magie, ces règles du mwana foot citées par Diaspordc se reproduisent aussi dans la grande majorité des pays africains. Du Cameroun en Guinée, en passant par la Côte d’Ivoire et le Kenya, tous les enfants ont appris à jouer au ballon dans la rue selon ces règles, mais sans se connaitre. C’est la magie de la culture africaine. Cet article est une courtoisie de la page Facebook de Diaspordc, qui est un regroupement de jeunes congolais(RDC) de la diaspora.


Nul ne connait les origines de ces règles du foot, mais elles ont été toutes crées sur le terrain pour nous permettre d’avoir du plaisir et tout le monde les respecte en cœur tel que le veut la nature : on apprend toujours à obéir aux règles.

VOICI LES RÈGLES DU FOOTBALL DE NOTRE ENFANCE

Les enfants de Brazzaville jouent dans des parcelles en construction


1- Le gros est toujours le gardien.
2- Le match se termine uniquement si tous les joueurs sont fatigués (sauf règle 6).

a)    Si le propriétaire du ballon est rappelé à la maison par ses parents
b)    Si le ballon termine sur le toit de la maison du voisin
c)    Si la nuit tombe et on ne voit plus le ballon.

3- Peu importe le score, l’équipe qui marque le dernier but remporte le match.
4- Il n'y a pas d'arbitre.
5- Il n'y a faute que si elle est grave et si le meilleur joueur de cette équipe admet la faute.
6- On ne remplace jamais le propriétaire du ballon. Si un joueur lui parle mal ou se fâche pour une raison quelconque le match est terminé.

Le mwana foot au Cameroun.

7- Les 2 meilleurs joueurs ne peuvent pas jouer dans la même équipe, alors chacun choisit ses joueurs.
8- Si tu es choisi le dernier c'est une humiliation.

             a)Si le nombre de joueurs est impaire, le dernier attend qu’un joueur fatigué lui cède sa       place. Ce dernier a toujours le droit de reprendre sa place s il veut rejouer.
              b) Le dernier attend l'arrivée d'un autre joueur pour se repartir les camps, un enlève son maillot et l'autre reste habillé.

Le mwana foot au CEG La Liberté de Brazzaville

9- S'il y a penalty le gardien est remplacé par le meilleur joueur de son équipe et dit
«pas pour du bon» pour signifier qu'après le penalty, le gardien revient à son poste.
10- Quand le ballon sort des limites de l'aire de jeu pour une destination lointaine, c'est le frappeur qui va chercher le ballon.

               a)Si le ballon tombe dans la parcelle d’un voisin méchant, le frappeur doit accompagner le propriétaire du ballon pour le réclamer.

11- Le meilleur joueur sur le terrain est toujours dans la même équipe que le propriétaire de la balle sinon on arrête tout.
12- Pour débuter un match, le plus grand du terrain dit toujours
«pééé le match commence ».
13- Pour distinguer les équipes, une équipe devrait jouer torse nue.

Voici quelques situations spéciales : 


FIN DU MATCH

En Guinée et dans presque tous les pays africains, on joue au foot dans la rue.

 Le match se terminait lorsque le propriétaire du ballon est rappelé par ses parents, car il ne confie son ballon à personne.
             a)      Des fois tu voyais le petit-frère rentrer avec son ballon et tu lui demandes pourquoi il ne laisse pas le ballon aux amis ? Il te répond ...  «Ils vont l’abîmer. »
          b)      La maman du propriétaire du ballon vient prendre le ballon parce que son fils na pas fait les commissions qu’elle avait déléguées. Dans ce cas on va tous aider son fils à terminer le travail chez eux et espérer que sa maman le libère pour reprendre la partie.
          

INTERRUPTION DU MATCH

Foot de la plage au Congo(Pointe-Noire).

Lors qu’une voiture ou une grande personne traverse le terrain, tout le monde crie « temps mort ».

       a)      Bien souvent, il y avait un monsieur solitaire et sans enfant qui habitait près du terrain. Si le ballon rentre dans sa jolie parcelle, il le confisquait ou le perçait. 
       b)      Si le propriétaire du ballon ne reçoit pas assez de passes, il prend son ballon et dit que sa maman lui avait dit de ne pas durer dehors. Le match est fini.  
       c)       On ne parle jamais mal au propriétaire du ballon. Celui qui commet une faute grossière sur lui sort ou c’est la bagarre générale.

LES CHAUSSURES

On joue pieds nus dans les rues de Lusaka(Zambie)

Si le propriétaire du ballon n'a pas de souliers, tout le monde joue pieds nus. Mais s'il en possède, il s'en fout si vous en avez ou non.

ORGANISATION DES MATCHS

L’organisateur des tournois est toujours le plus fort de la gang et c'est lui qui fait aussi office d'arbitre. Il est joueur et arbitre en même temps. Les gardiens sont en même temps les coachs et les responsables d'équipe. C’est l'équipe de l'organisateur qui doit toujours remporter la coupe, sinon le tournoi se termine par la bagarre.

LA RÈGLE

Abidjan- Des gamins jouent dur en plein soleil.

Le propriétaire du ballon est  aussi la FIFA. Il peut dire "Pas de boulet", en voulant dire que les frappes lourdes sont interdites.

        a)      Si tu as un problème avec le propriétaire du ballon, tu ne joues pas point. 
        b)      Trois corners de suite donnent un penalty.  
        c)       En cas de litige pour un but non claire, on reprend mais avec un penalty pour  satisfaire les deux parties.

LE TERRAIN

 C’est la rue et il n’a pas de limites. Le ballon ne sort en touche que lorsqu’il tombe dans un caniveau, dans ce cas le dernier tireur doit le nettoyer.

Les enfants tracent leur terrain de foot au Ghana
Pour enlever la boue sur le ballon, on le couvre du sable puis on le fait bondir trois fois au sol....si c’est prêt, le match reprend.

CONFLITS

Les enfants de Nairobi(Kenya)

On jouait sur des petites avenues et quand on tirait trop fort ça causait des dégâts. Le ballon pouvait rentrer dans une parcelle et renverser le repas de midi en pleine cuisson dehors; cela était bien souvent source de bagarres entre voisins.

Souvent une maman méchante trouve qu'on fait trop de bruits. Elle vient mettre fin au match ou bien on doit changer de terrain.

HIERARCHIE


C'est toujours le mouilleur (mauvais) de l'équipe qui va chercher le ballon sorti. Le meilleur joueur est le capitaine. C’est lui qui tire le penalty et on ne le remplace jamais.

Les plus petits qui veulent jouer avec les grands commencent comme ramasseurs de balles. Les plus patients intégreront le groupe avec le temps. Mais quand on jouait il y avait toujours le « petit pigeon », le plus petit de la bande. Il pouvait jouer et marquer dans n’importe quel camp si l’occasion se présentait. Généralement, c’était le protégé du propriétaire du ballon.

   Les week-ends, les matchs commencent plus tôt. Quand les joueurs sont fatigués, le plus fort de la gang décide la fin du match dans 5 minutes. Ces 5 dernières minutes du match, au Congo, sont connues comme les 5 minutes du Likemba e teli(la coupe de la banane mure en lingala). On laisse le ballon et on cherche les pieds de l’adversaire. Les flemmards peuvent déjà quitter le jeu. Cest une sorte dinitiation pour ceux qui espèrent passer leur test de vrais garçons.

 
Regardez cette espace de Dakar aménagé pour le baby foot
Tous les grands footballeurs africains des années 80 sont passés par ce passage obligé du foot de la rue. Georges Weah, Roger Milla, Omam Biyick, Titi Camara, Abedi Pelé ou Mutubilé Santos... ils ont tous appris le ballon par ces règles. Les générations suivantes des stars africaines sont plus des produits de ce que nous appelons aujourd’hui la colonisation du football africain: les grandes académies de foot.

La colonisation du football africain est venue avec l’introduction progressive du modèle européen avec les académies de football. Le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Cameroun et aujourd’hui le Sénégal sont les principales plateformes de ces académies parfois multinationales. Ces structures ont vu naître des joueurs comme Samuel Etoo Fils, Gyan Asamoah, Gervinho, Kolo et Yaya Touré, Sadio Mané ou encore ceux de la diaspora comme Didier Drogba ou Yannick Bolasié.

On ne peut pas affirmer que les joueurs venus de la rue étaient meilleurs que ceux formés par les académies. Mais la vérité est qu’ils sont simplement différents, tant sur le plan technique comme mental. Les joueurs de la rue sont beaucoup plus créatifs et spontanés. Si on essaie de les mouler pour répondre aux exigences du football européen ils vont stagner dans leurs progressions respectives.

Ceux qui sont formés dans les académies combinent le talent, la puissance athlétique et la discipline que recherchent les clubs européens. Mais en même temps, ils les enlèvent cette spontanéité et cette confiance dont ils ont besoin pour mener leurs respectives sélections nationales au haut niveau. Voila pourquoi des grosses écuries africaines comme la Côte d’Ivoire, le Cameroun ou le Nigeria ont produit des pauvres rendements techniques lors des trois dernières éditions du Mondial.

La science ne peut pas faire d’un homme noir un homme blanc ni vice-versa. Chacun est confortable dans son milieu, ses valeurs et ses manières de jouer. Si vous voulez mon avis, ces académies de foot ont sensiblement ralentit la fulgurante progression du football africain du début des années 90. 

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